English text at the end of this page
situation d’urgence
Ma peinture se résume simplement : des gestes et de l’action.
Le geste n’est ni méticuleux ni virtuose.
Il est instinctif et urgent.
L’action est plutôt intense et parfois violente.
Le résultat n’est qu’un résultat sans avoir jamais été un objectif, avec tout le déchet que cela peut produire.
Il y a une sorte de fatalité, jouissive et imprévisible, dans cette action libre.
Je suis moi-même surpris des résultats sans avoir aucune maîtrise, à priori, des chemins qui y conduisent.
Comme pour des enfants que nous aurions dû tous rester, le laisser-aller nous mène n’importe où au lieu de nous guider quelque part.
figure libre
Dans ce mouvement, le sujet est accessoire, de même que de savoir s’il s’agit d’abstraction ou de figuration, d’un paysage ou d’un autoportrait, d’art contemporain ou d’autre chose.
On s’en fout complètement.
Les peintures peuvent finir par ressembler à quelque chose mais pas toujours :
S’agit-il d’un paysage de mer ou juste quelques lignes de peintures ou d’aquarelle ?
S’agit-il d’une montagne ou deux coups de pinceaux aiguisés en forme de sommet ?
Un simple trait horizontal évoque implicitement la mer sans la représenter. Il exprime explicitement le geste et l’énergie qui lui est associée sans intention réaliste.
Cette ambivalence autour de l’abstraction constitue l’arrière-plan récurent de mon travail.
mer et montagne
Pour compléter cette relation paradoxale aux sujets, il faut ajouter que dans mon histoire personnelle et familiale, la montagne et la mer constituent des marqueurs forts et indélébiles.
Toute ressemblance avec des paysages existants n’est donc pas totalement fortuite.
Certains titres permettent même de géolocaliser des lieux référents, souvent dans les Hautes Alpes ou dans le Var.
passions classiques
J’ai ancré mon apprentissage et la première partie de mon aventure artistique dans le refus des académismes et des arts classiques, contemporain sinon rien, anti tout sinon con.
Je ressource mes pratiques actuelles autour d’une approche plus apaisée et d’une bienveillance voire d’une passion pour les périodes classiques que je redécouvre et que j’adore tardivement. L’effet de l’âge et de l’expérience sont certainement à l’œuvre mais je pense aussi que les cycles de révoltes et renversement de tables sont révolus.
L’art contemporain est aujourd’hui capable d’englober positivement les ressources de toutes les époques.
le noir, le blanc et quelques autres
Mes couleurs principales sont le noir et le blanc, souvent dans cet ordre : blanc sur noir.
Le blanc possède une puissance incroyable pour construire le noir, soit par-dessus, soit dedans, en prenant garde de ne pas se laisser absorber dans des profondeurs « Soulagiennes ».
Quelques bleus s’immiscent mais de manière plus cosmétique.
Des ocres et des dorés viennent enfin adoucir la palette et la porter en sables, en terres et en lumières.
tout peut arriver
Mon atelier est un endroit joyeusement bordélique avec toutes sortes de supports potentiels, neufs ou réemployés, des tas de pots ou de tubes, des aquarelles ou des gouaches, des bombes de peinture, de l’huile de l’essence ou de l’acétone, des brosses, des pinceaux, des chiffons, des trucs qui grattent ou qui frottent, des ponceuses droites et circulaires, des spatules des pics et des agrafeuses, des caisses d’outils pas toujours très utiles et plein d’autres trucs que je n’utiliserais probablement jamais.
Ce barnum se retrouve probablement dans beaucoup d’ateliers. Dans mon cas, il soutient une approche ouverte et totalement intuitive ou tout reste possible à n’importe quel moment, en ayant tout à portée de main. On ne sait jamais de quoi on va avoir besoin une seconde plus tard.
Un départ à l’aquarelle n’empêche pas une arrivée avec une bombe Montana.
Un délicat coup de pinceau peut facilement être emporté par un gros coup de serpillière pleine de peinture dégoulinante, un renversement que j’adore…
no web
Dans cet atelier où tous les outils et les supports sont disponibles, il n’y a aucun écran ni ordinateur et le réseau est si faible que même une communication téléphonique est quasiment impossible.
Il ne s’agit pas d’une posture nostalgique ou réactionnaire car comme tout animal contemporain, je consomme et j’adore le monde digital et connecté.
Ce no web est d’abord une recherche de calme et de protection, mais aussi une quête d’intégrité et de pureté dont j’assume le caractère assez mystique, sans aucune religiosité, mais avec une forte perspective de spiritualité.
L’art du geste est pour moi proche d’une pratique chamanique. Il faut guider une énergie qui semble venir d’ailleurs et que votre main va tracer sans forcément la maîtriser.
La technique et les habitudes disparaissent.
L’instinct et l’instant règnent.
La main semble décider seule.
pas terrible mais jamais foutu
Je ne jette pratiquement rien et pourtant beaucoup de mes productions méritent sincèrement la poubelle.
Je repasse.
Je reviens.
Je recouvre.
J’insiste.
Je continue
C’est bien sûr le cas de tous mes travaux en cours, et qui sont parfois en cours depuis très longtemps, mais j’assume aussi des récupérations d’œuvres déjà accrochées au mur et avec lesquelles je repars sous le bras après le repas en promettant une meilleur version à venir à mes hôtes toujours surpris de ce service après-vente peu usuel.
Je vis et je travaille en France, pas loin de la montagne et proche de la mer.
emergency situation
My painting can be summed up simply: gestures and action.
The gesture is neither meticulous nor virtuoso.
It’s instinctive and urgent.
The action is rather intense and sometimes violent.
The result is only a result without ever having been an objective, with all the waste that this can produce.
There’s a kind of fatality, both pleasurable and unpredictable, in this free action.
I myself am surprised by the result, without having any control, a priori, over the paths that lead to them. Like the children we should all have remained, letting go leads us anywhere instead of guiding us somewhere.
free style
In this movement, the subject is secondary, as is whether it’s abstraction or figuration, a landscape or a self-portrait, contemporary art or something else.
Who cares?
Paintings can end up looking like something, but not always:
Is it a seascape or just a few lines of paint or watercolor?
Is it a mountain or two sharp brushstrokes in the shape of a peak?
A simple horizontal line implicitly evokes the sea without representing it. It explicitly expresses the gesture and energy associated with it, without any realistic intention.
This ambivalence about abstraction is a recurring theme in my work.
sea and mountains
To complete this paradoxical relationship with subjects, it should be added that in my personal and family history, mountains and the sea are strong, indelible markers.
Any resemblance to existing landscapes is therefore not entirely coincidental.
Some titles even allow you to geolocate places of reference, often in the Hautes Alpes or Var regions.
classic passions
I anchored my apprenticeship and the first part of my artistic adventure in the refusal of academism and classical art: contemporary if not nothing, anti everything if not bullshit.
I resource my current practices around a calmer approach and a benevolence, even a passion, for the classical periods, which I’ve come to rediscover and adore belatedly. The effects of age and experience are certainly at work, but I also think that the cycles of revolts and overturning of tables are over. Contemporary art is now capable of positively embracing the resources of all eras.
black, white and a few others
My main colors are black and white, often in this order: white on black.
White has an incredible power to build black, either on top of it or within it, taking care not to let it absorb into « Soulagian » depths.
A few blues creep in, but more cosmetically.
At last, ochres and golds soften the palette and bring it to life in sands, earths and lights.
you never know what can happen
My studio is a cheerfully messy place with all kinds of potential supports, new or reused, heaps of pots or tubes, watercolors or gouaches, spray cans, oil, gasoline or acetone, brushes, brushes, rags, scrapers and scrubbers, straight and circular sanders, spatulas, picks and staplers, boxes of tools that aren’t always very useful, and lots of other stuff I’d probably never use.
This barnum is probably to be found in many workshops. In my case, it supports an open, totally intuitive approach where anything is possible at any time, with everything at hand. You never know what you’ll need a second later.
A start with watercolor doesn’t preclude a finish with a Montana spray can.
A delicate brushstroke can easily be swept away by a big mop full of dripping paint, a reversal I love…
no web
In this workshop, where all tools and media are available, there are no screens or computers, and the network is so weak that even telephone communication is almost impossible.
This is not a nostalgic or reactionary posture, because like any contemporary animal, I consume and love the digital and connected world.
This no web is first and foremost a search for calm and protection, but also a quest for integrity and purity, which I assume to be rather mystical, without any religiosity, but with a strong spiritual perspective.
For me, the art of gesture is close to a shamanic practice. You have to guide an energy that seems to come from elsewhere and that your hand will trace without necessarily mastering it.
Technique and habit disappear.
Instinct and the moment reign.
The hand seems to decide on its own.
not great but never ruined
I hardly ever throw anything away, yet many of my creations sincerely deserve the garbage can.
I iron.
I come back.
I cover.
I insist.
I continue.
This is of course true of all my works in progress, some of which have been in progress for a very long time, but I also take on the recovery of works already hanging on the wall, with which I leave under my arm after dinner, promising a better version to come to my guests, who are sometimes surprised by this unusual after-sales service.
I live and work in France, not far from the mountains and close to the sea.